samedi 22 octobre 2011

Des saisons au cycle liturgique

La notion du temps est difficile à appréhender pour les plus petits et ce n'est qu'à partir de 6 ans environ que les enfants comprennent cette notion.
Pour leur présenter le premier puzzle de l'année liturgique, nous avons d'abord présenté une roue des saisons en expliquant qu'on peut représenter le temps sur une ligne, mais aussi en cercle s'il se répète comme les saisons et les mois (ou jours ou années etc). La dimension cosmique de cette présentation leur montre aussi que la terre tourne autour du soleil.

 

Ensuite, nous avons présenté le puzzle de l'année liturgique simplifié (un autre, découpé en 52 semaines de l'année viendra bientôt compléter la présentation). Ici, les enfants découvrent que toute l'année liturgique tourne autour de la vie de Jésus.


Les enfants ont pu ensuite travailler différents formats alliant saisons et cycle liturgique



 Les petits se sont donné avec joie aux différentes activités de la vie pratique, au montage et démontage de l'autel et à quelques autres activités de collage, coloriage, dessin, coupage et autre.

Oscar devant "son" autel, qui chante et qui éteint ensuite les bougies

Grégoire qui dessine et coupe

Ce fut à nouveau une belle séance de travail. On sent que les deux petits garçons se normalisent de plus en plus. Ils travaillent mieux en autonomie et se cherchent leurs activités seul. Même si le rangement n'a pas toujours lieu comme il faudrait, cela est souvent dû au plaisir de vite se chercher une nouvelle activité intéressante qu'un autre enfant vient de finir ou est en train de faire.
Si au début de l'année, le coin de prière n'était guère affecté, à part nos temps de prières communs, il y a de plus en plus souvent un enfant qui exprime le besoin ou le désir de se retirer un peu pour prier. C'est impressionnant pour nous adultes de voir la liberté qu'il s'octroie pour ce moment de recueillement et de silence. Quel beau cadeau de voir que l'enfant tisser une relation avec son Dieu! Voilà le but de l'atrium: permettre ce lien d'amour, d'affection entre Dieu et l'enfant et le nourrir.

mercredi 12 octobre 2011

Autour de l'autel

Aujourd'hui, j'ai présenté aux enfants les objets les plus importants que l'on retrouve sur l'autel. Même si cela peut paraître simple, il est fondamental pour l'enfant de voir concrètement d'assimiler ce matériel.
Nous avons donc vu l'autel, la nappe d'autel, les deux bougies, la croix et la patène et calice. C'est peu et en même temps beaucoup. J'ai fini la présentation en allumant les bougies et nous avons chanté ensemble.

Côté travail personnel, les petits se sont longuement occupés avec l'autel. Ils l'ont monté et remonté et ont bien apprécie l'apprentissage autour des bougies. Grégoire connaissait le procédé, mais je ne l'avais pas encore montré à Oscar. Il était très attentif et voulait ensuite faire lui-même. C'est important de laisser faire l'enfant, sans vouloir trop intervenir, mais comme c'est un apprentissage délicat, aucune déconcentration n'est admise, ni du coté des enfants, ni de l'adulte.
J'ai pour cela constitué un plateau non-inflammable (verre, porcelaine ou métal) avec un petit pot pour mettre les allumettes usés, un petit pot avec de l'eau pour éteindre l'allumette entièrement après l'avoir soufflé, les allumettes et l'éteignoir.




Les petits ont ainsi à tour de rôle travaillé avec l'ensemble du matériel composant l'autel. Le dépliage et pliage de la nappe a été difficile pour les petites mains... mais le matériel est là pour leur permettre de s'entraîner! Et cela ne les a pas repoussé de retravailler avec ce matériel bien au contraire!

Adrien a passé beaucoup de temps à calquer les objets de l'autel... Impossible de le déranger tellement il était absorbé par son travail

Ben a eu la présentation des couleurs liturgiques (il n'était pas là la première fois où nous avons fait la présentation à tout le monde) et s'est adonné avec joie aux différents travaux pratiques

Rémy a repris les couleurs liturgiques également pour en faire une grande affiche!

A tour de rôle, tous on fait le collage de l'autel... grande passion pour petits et grands...


Et Ben a refait une grande représentation du Bon Berger et des moutons...

lundi 3 octobre 2011

La part de Thomas en nous...

Nous pouvons être convaincus par cette approche de la catéchèse, convaincus de son bien fondé, de son intelligence etc... convaincus aussi parce que nous-mêmes avons été profondément touchés.
Mais déjà s'avance la première question sous forme d'un doute qu'on n'avoue pas vraiment parce que justement on est convaincu de la méthode.

La question: Et l'enfant? Que va faire l'enfant? Que va-t-il retenir ou comprendre? Qu'a-t-il vraiment assimilé? Et malgré nos plus belles pensées nous retombons alors dans la position du professeur dont l'autorité se fait souvent contrôle.
Nous avons expérimenté par nous-mêmes ce que nous pouvons vivre lors d'une présentation du Bon Berger. Mais nous ne saurons jamais précisément ce que cela évoque dans l'enfant. Ensuite reste cette crainte de ne pas savoir si vraiment cette parabole (ou tout autre sujet) parle vraiment à de tous jeunes enfants parce qu'on n'a pas vu de nos propres yeux ni entendu de nos propres oreilles. Les enfants gardent tout cela dans leur cœur.

Nous sommes tous plus ou moins des Thomas. Des Thomas qui ne peuvent croire que lorsqu'ils touchent de leurs doigts (en l’occurrence il s'agit plus de nos yeux et de nos oreilles). La rationalisation s'installe au détriment de l'Esprit. On prend l'air de rien la place de Dieu...qui  ne peut plus faire son œuvre dans l'invisible... Mais pourquoi donc avons-nous besoin de preuves?
Développer un atrium ne nous fait pas échapper à cela... La crainte s'installe régulièrement, et parfois même quand on a vu que tout va bien. Pourquoi par exemple cette crainte de ne pas avoir assez bien donné aux enfants?  Je ne sais... certainement, parce qu'on ne fait pas assez confiance à l'amour du Bon Berger et aux brebis qui écoutent sa voix... L'abandon au divin s'apprend tous les jours et parfois faut il recommencer...

Ayant présenté samedi la parabole du Bon Berger, nous avions pu avoir des conversations intéressantes avec les grands qui se sont rapidement reconnus dans les brebis. Avec les petits les choses semblaient différentes. Pendant la présentation même, j'avais plutôt l'impression qu'ils étaient moins centrés que la première fois. Mais la conversation avec le petit garçon m'a montré une fois de plus que l'apparence n'est qu'une apparence...

Le soir, nous avons l'habitude de prier ensemble en famille et de rendre grâces. Grégoire a son petit rituel: il remercie pour les lapins, le chat, le petit frère, maman et papa ou tout autre évènement de la journée qui l'aura marqué. Mais il commence toujours par les lapins. Cela fait des semaines que c'est ainsi, mais ce soir-là, il a changé. Il a commencé à dire "merci pour les moutons", et pourtant nous n'avions pas parlé ni du Bon Berger, ni des moutons avant ou pendant la prière. C'est venu tout spontanément et sorti droit de son cœur. Étonnant...
Mon mari commence alors une petite conversation avec lui sur le sujet et lui demande: "Où est le Bon Berger?" en pensant qu'il allait nous montrer le tableau du Pastor Bonus qui est accroché au-dessus de notre coin de prière. Et Grégoire, sans vaciller, va droit au petit autel et se cherche l'image de Jésus entouré d'enfants et nous dit: "là, c'est le Bon Berger."  Notre étonnement était au comble.
Nous n'avions jamais dit que le Bon Berger est Jésus. Nous avions dû utiliser ces noms différents à certains moments, mais l'assimilation de "Jésus est le Bon Berger", c'est Grégoire qui l'a faite spontanément après avoir eu la présentation du Bon Berger.

Vous voyez, ce qui se fait dans l'enfant, lors de la séance de catéchèse, on ne le sait pas. Parfois on a des indices, parfois des gestes ou des mots qui nous surprennent par leur justesse... et parfois rien de particulier. Et nous nous mettons à douter.
Il est tellement difficile d'accepter que quelque chose puisse se faire dans l'enfant sans qu'on ne le voie. Sans que nous sachions quoi. Même si nous savons et essayons d'appliquer la méthode Montessori pour cette catéchèse, il reste cet inconnu que nous ne maîtrisons pas. Mais que voulons-nous? Nous ne savons même pas exactement ce que la parabole a évoqué en nous! Nous nous sommes sentis touchés profondément, mais comment l'expliquer? Comment dire de nous-même ce que Dieu a opéré en nous? Nous ne pouvons l'expliquer. La spiritualité est le mystère de la personne, ce n'est pas une matière que l'on peut restituer comme une leçon apprise par cœur. La spiritualité c'est "simplement" une relation d'amour avec Dieu.
Et pourquoi alors notre doute? Pourquoi il revient? Pourquoi? Le lâcher-prise est difficile, et je crois encore plus difficile dans la spiritualité. Nous n'avons aucun pouvoir sur la spiritualité d'un enfant. Nous ne savons pas comment elle se développe en lui, mais nous avons des pistes qui nous disent que plus l'enfant est petit plus il est capable du Grand. Et je crois que c'est peut-être cela qui nous fait peur au fond. Savoir le petit enfant capable de comprendre quelque chose que nous ne comprenons pas... Que nous cherchons en vain depuis longtemps...

Il nous faut donc arrêter de vouloir contrôler ce que l'enfant a compris... c'est un piège.... qui empêche l'enfant d'entrer profondément dans le mystère chrétien.

dimanche 2 octobre 2011

2ème séance de catéchèse

Aujourd'hui, le sujet a été le Bon Berger, thème central de cette catéchèse. Ce fut l'occasion pour moi de chasser quelques doutes concernant la compatibilité de ces différentes tranches d'âge (de 3 à 10 ans), même si dès la première séance il était très net que chaque enfant se nourrit lui-même en fonction de ses besoins psychiques et spirituels.

Un garçon de 10ans calque... avec une lumière allumée sous la table en verre.
 

Quand on commence avec des enfants très jeunes, de 3ans, il est évident qu'ils ne font pas de grands dessins, ni de travail précis avec le matériel, ni ne mènent de grandes conversations théologiques. Cependant, ils peuvent nous surprendre par l'attachement à un détail qui les a marqué. Un enfant de 4 ans a ainsi allongé les brebis dans l'étable après que j'ai expliqué à un plus grand que l'enclos est le lieu où elles se reposent et se sentent en sécurité.
 

On ne  peut donc pas comparer le travail des petits avec celui des grands. Mais derrière l'impression qu'il donne parfois de ne "pas faire attention", on est plus qu'étonné de recevoir souvent des réponses limpides, directes et spontanées des plus petits! Pour l'instant mon expérience catéchétique ne se résume qu'à deux séances, mais toutes deux ont été riches de moments inattendus! 
On oublie que le grand se fait dans le petit... et la compréhension du Grand des tout petits enfants est vraiment bouleversante.

Un petit garçon travaille avec le matériel

Je vous livre ici la conversation avec un petit garçon de 4ans qui a eu besoin de se rapproché pour mieux voir la présentation. Je l'ai donc invité à se mettre à coté de moi. Il est resté là jusqu'à la fin de la présentation.
Lors des la première question que j'ai posé: "Qu'avez-vous vu?", c'est ce garçon qui m'a répondu tout de suite: "des moutons"!
Moi: Et que font les moutons?
Lui: Ils regardent le berger.
Moi: Pourquoi ils le regardent?
Lui: Parce qu'il leur raconte quelque chose.
Moi: Qu'est-ce qu'il leur raconte?
A cet endroit, j'ai perdu le "noyau du message biblique" dont je parlais dans l'article précédent... Il est très difficile de le garder en tête quand les enfants répondent... Et puis je ne l'ai même pas remarqué. Ce n'est que le soir que je me suis rendu compte que j'ai perdu le fil. Il faut faire des erreurs pour pouvoir se corriger. Et surtout, pour les paraboles, il faut acquérir de l'expérience, refaire la présentation, intérioriser le message biblique. J'ai donc eu "ma leçon" aussi aujourd'hui...

Après la présentation et malgré mon erreur, les deux petits se sont rués sur le matériel pour travailler avec  et le petit détail de la porte de l'enclos qui s'ouvre et se ferme les a bien impressionné... Rien que de l'ouvrir  et de  la fermer était un travail qu'ils répétaient spontanément.

 Travail au pochoir, puis coloriage ou collage des couleurs liturgiques selon le modèle

Le collage avec la spatule n'est pas facile et incite les enfants à une grande concentration... 
 

Après cela, les petits se sont mis à faire de la vie pratique, un peu du collage de la séance précédente tandis que les grands ont calqué avec grand plaisir, fait leur petit livrets de la parabole entre des conversations d'approfondissement sur le sujet.
Une conversation avec un garçon de 10ans:
Il a dessiné le Bon Berger avec un bâton en forme de crosse. Mon mari l'interpelle sur ce détail et lui demande où il avait déjà vu un tel bâton.

Lui: Le pape a une crosse comme ça avec une croix
Mon mari: Pourquoi il a ça?
Lui: C'est parce que c'est le Bon Berger.... ou alors le fils du Bon Berger.

Recopier le livret de la parabole est un bon moyen de méditer sur ces belles phrases...
 

Les grands étaient même inquiets de n'avoir pas assez de temps pour tout faire... Mais ici, le temps ne court pas, pas de contrôle, ni de programme à respecter en temps et en heure, ils peuvent aller à leur rythme et reprendre des travaux non finis la fois d'après...
On voit très clairement que le travail de la main reste un élément très important pour les grands. Ce n'est qu'en travaillant la main qu'on arrive à intérioriser le sujet... Et ils demandent réellement de pouvoir le faire! Pouvoir décider librement quel travail choisir, le faire à leur façon...
Nous avons terminé avec un chant du Bon Berger que les enfants avaient l'air d'apprécier.